Celle-ci a présenté les œuvres de vingt chercheurs qui se sont rencontrés à Paris en 2013. C’est dans ce comité que qu’et discutée la base des programmes financés par l’UE concernant la mémoire historique de l’Europe pour les cinq prochaines années. Elle a clairement montré l’offensive menée en permanence par les députés conservateurs d’Allemagne et d’Europe de l’Est afin d’exercer une hégémonie sur le contenu des programmes officiels comme en témoigne le rapport Migalski sur la mémoire historique dans l’éducation et la culture dans l’Union européenne qui a été rejeté en décembre 2013 à une faible majorité.
Le député européen honoraire, Francis Wurtz, a pris la suite et abordé l’évolution du projet de la Maison de l’histoire européenne (MHE) au cours des derniers mois. En tant que membre de son conseil d’administration, il a confirmé l’offensive des conservateurs dans ce projet encore reporté à la mi-2015 et l’influence limitée des représentants progressistes du conseil, comme lui, pour corriger une représentation extrêmement déséquilibrée, non – scientifique et partisane de l’histoire européenne.
Jean-Numa Ducange, maître de conférences à l’Université de Rouen et spécialiste de l’histoire de la gauche en Europe, a enchaîné avec une introduction portant sur les diverses façons possibles pour étudier les apports de la (des) gauche(s) européenne(s) au projet de construction et d’intégration européenne. Gilles Pecout, chef du département d’histoire de l’École normale supérieure de Paris, a discuté les présentations et a souligné la similitude de la MHE à une Maison de l’histoire de la République fédérale d’Allemagne pour laquelle la droite européenne sous direction allemande a tenté de faire une lecture officielle hégémonique du passé européen.
Au cours de l’après-midi, l’atelier a présenté, comme on l’avait décidé en juin, une première tentative pour élaborer un récit alternatif à celui émis par le comité scientifique de la MHE sur l’histoire de la construction et de l’intégration européenne, préparée par Sia Anagnostopoulou de l’Université Panteion d’Athènes. Elle a été précédée par des réflexions de Serge Wolikow de l’Université de Bourgogne, sur les idées sur l’Europe véhiculées par les initiatives nationales pour commémorer le centenaire de la Première Guerre mondiale.
Le débat a été riche en conclusions et initiatives. En tant que force organisée, derrière cette lecture déséquilibré de l’histoire de l’Europe, nous identifions la plate-forme existante de la mémoire et de la conscience européenne créée par les gouvernements très conservateurs de l’Europe de l’Est et soutenue par les institutions de recherche à financement public et les députés européens associés au Groupe de Réconciliation des Histoires européennes.
Nous avons convenu que, pour contrer leur influence, nous devons lancer un appel d’historiens progressistes, des centres d’archives, des musées, des mouvements commémoratifs et des gouvernements pour étudier les usages publics de l’histoire tels que les promeut la MHE. Nous allons essayer de les réunir lors d’une grande conférence organisée fin 2014 au cours de laquelle nous continuerons également à élaborer les grandes lignes d’une interprétation historique alternative qui constitue la base d’une exposition virtuelle sur la construction et l’intégration de l’Europe du 19e siècle à nos jours. Il a également été convenu qu’en 2015, une conférence sera organisée sur la contribution (le fil rouge) de la (des) gauche(s) à ce processus à long terme.