Relancer l’industrie pour la transformation productive et sociale de l’Europe

En dépit de la diversité des parcours représentés – parmi les participants, on comptait des économistes, des syndicalistes, des sociologues de l’industrie et des militants environnementaux –, tous ont reconnu l’importance d’une politique industrielle renouvelée pour permettre à un plan de redressement européen alternatif de faire face aux défis sociaux, écologiques, démocratiques et économiques.
Le Premier ministre grec Antonis Samaras a convoqué l’élection présidentielle plus tôt que prévu, la probabilité d’élections générales anticipées est élevée – et SYRIZA est en mesure de les remporter. Cette accélération pose avec encore plus d’acuité la question d’un plan alternatif progressiste à opposer aux faiblesses structurelles et aux orientations patronales de Plan Juncker. Politiser l’enjeu des dettes souveraines et mettre un terme à l’austérité, d’une grande nécessité, ne sera pas suffisant. Il s’agit des conditions à la possibilité même d’un changement. Ce dont l’Europe a besoin – et en particulier ceux qu’on nomme les pays « périphériques » -, c’est d’un plan de relance à la hauteur des enjeux économiques, sociaux, démocratiques et environnementaux : c’est-à-dire une transformation productive et sociale profonde prenant réellement en compte les impératifs du changement climatique.
Le travail entrepris par Transform ! sur la relance de l’industrie et la transformation productive se veut une contribution au New Deal européen proposé par Alexis Tsipras. Le plan Juncker, s’il reconnaît en apparence la nécessité d’un investissement massif dans l’économie réelle, ne prévoit aucune stratégie européenne ambitieuse de co-développement qui mettrait en valeur les avantages des régions, qui les ferait coopérer – et non rivaliser – entre elles. Il ne mobilise pas suffisamment de moyens financiers et n’a pas pour objectif ni de soutenir la demande, ni de répondre aux besoins sociaux. Il ne rompt pas avec la logique austéritaire et continue de favoriser un modèle orienté vers les exportations.
L’Europe a besoin de relancer son industrie pour qu’elle puisse réaliser une authentique transformation productive et sociale – et ainsi surmonter la crise. La boussole d’une telle transformation doit être une transition écologique et démocratique qui affecterait positivement tous les niveaux de production et de pouvoir. En d’autres termes, l’Europe a besoin d’un nouveau modèle de développement contrastant radicalement avec le discours dominant sur la compétitivité, le travail et la finance. Dans cette bataille idéologique, nous devons renverser la tendance et s’engager dans la bataille pour de nouvelles représentations fournissant un autre regard sur les principes et les normes qui sous-tendent l’action politique.
La valorisation du travail est la pré-condition d’une alternative ambitieuse, notamment en matière de salaires, de développement personnel, de compétences des salarié-e-s et de leurs contributions à l’innovation – ce qui implique une autre définition de l’entreprise et la dé-financiarisation de l’économie. La réduction de la polarisation de l’Europe, avec ses asymétries internes croissantes entre le « centre » et la « périphérie » en termes de tissu industriel et d’influence politique, doit être le principe directeur d’un plan de relance de gauche. La question de son financement a fait l’objet d’un débat intense. Mettre à disposition des propositions progressistes concrètes pour le financement de court, moyen et long terme sera également central dans le travail à venir de Transform !
Un document de travail commun visant à compiler les résultats du groupe de travail sera publié à la fin du mois de janvier. Il sera présenté tout au long de l’année prochaine lors de nombreux événements.

Pour plus d’information : benatouil(at)transform-network.net

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