Par les éditeurs
Après la décision par la Banque centrale européenne (BCE) d’un nouveau programme d’acquisition d’obligations des Etats touchés par la crise et soumis à un programme d’austérité, les marchés boursiers ont explosé de joie. Cela signifie-t-il que cette nouvelle étape de politique budgétaire a permis de trancher le nœud gordien de la crise persistante en zone euro ?
Nul doute : c’est un changement de direction et la puissance de la BCE s’en trouve considérablement renforcée. Mais cette initiative de la BCE marque-t-elle le passage à une phase de développement plus calme ? On peut fortement en douter, puisque, par deux fois déjà, à la fin de l’année dernière, les effets de la mise en œuvre de l’arsenal de la BCE (« bazooka ») se sont rapidement évanouis. Au bout de quelques mois seulement, les banquiers et les politiques se sont de nouveau plaints de l’exclusion croissante des banques et des entreprises du système européen de crédits. Et les institutions financières des pays en crise ont à nouveau été confrontées à d’importants problèmes de refinancement.
Les banques allemandes en particulier ont, ces dernières années, notablement réduit leurs risques dans les pays de la zone euro, notamment dans les pays en crise. Si les banques allemandes avaient encore des créances sur la Grèce, l’Irlande, l’Italie, le Portugal et l’Espagne d’un montant de 522 milliards d’euros, ces créances avaient fondu à 283 milliards d’euros en juin. Le repli des moyens financiers, qui ne s’est pas limité aux banques allemandes, a été accru par la fuite des capitaux de ces pays.
Selon les calculs des ONG des Etats-Unis, environ 261 milliards de dollars (près de 207 milliards d’euros) non déclarés ont, depuis 2003, été transférés à l’étranger en provenance de la seule Grèce. Et la banque centrale italienne estime que, au cours des deux ans et demi passés, environ 300 milliards d’euros se sont envolés à l’étranger.
Il est fort probable que les récentes décisions de la BCE ont seulement permis de gagner du temps. Une fois de plus, il n’y a pas eu mise en œuvre d’approches anti-crise durables. Les allègements temporaires se dissiperont au fil du temps, même si leur effet dure plus longtemps que les prêts à long terme des opérations de refinancement (LTRO). Des mesures plus globales ne peuvent pas seulement consister en mesures de stabilisation du système financier européen. Il faudrait un changement de politique pour mettre fin à la politique d’austérité, avec la mise en place d’une structure économique tournée vers l’avenir grâce à un programme d’investissements et de croissance en Europe à financement public. Cette structure économique ne fuirait pas une orientation vers le marché intérieur et n’aurait pas l’accroissement de la concurrence pour objectif.