Après le Referendum et le vote au Parlement de Macédoine du Nord

Le référendum dans le République de Macédoine du Nord sur l’approbation de l’accord de Prespa a reçu un plébiscite (94% de oui) même si le suffrage a été frappé d’une forte abstention. Ce qui se passe au Parlement est indicatif du climat actuel et des facteurs qui ont joué dans le processus. Le contenu dans l’accord, en terme de nom et d’identité nationale est considéré comme défavorable pour le payset a créé une réaction négative d’une large partie de la population, la rendant vulnérable à la propagande nationaliste. Respectivement et inversement, la grande abstention de la communauté albanaise pour le référendum est révélatrice de la polarisation ethnique du pays voisin et de la réticence de la population albanaise de ratifier cette identité nationale par le vote. L’abstention est ambigüe et composée de diverses attitudes : indifférence, déni, négociation souterraine. 

Les Grecs eux, ont vu la nature hétérogène de l’accord comme marquant son caractère favorable à la Grèce ce qui a diminué massivement le soutient au rassemblement des « Gardiens de Macédoine ». L’accord a déjà eu un impact positif dans la lutte contre l’extrême droite et désormais on y pense à deux fois avant de justifier les revendications du nationalisme extrême. Un plus large débat d’idée sur l’accord n’a pas eu lieu en Grèce. Une approche délicate a été privilégiée, sans doute par velléité de non-intervention dans l’autre pays mais également du fait du sentiment mitigé dans le pays demandant ainsi une économie du capital politique à engager sur cette question. Un tumulte avait éclaté lors de la démission du ministre des Affaires Etrangères Nikos Kotzias bien qu’elle ne sembla pas liée à l’accord. Nous sommes au stade de l’engagement dans l’accord. 

L’accord de Prespa est un succès important car il a résolu un problème par le consensus commun, créant et facilitant de bonnes relations de voisinage et visant le développement commun avec la perspective européenne en ligne de mire, un enjeu d’autant plus important en ces temps d’isolationnisme grandissant et de renforcement des frontières et des barbelés nationalistes. Même s’il s’agissait d’une lente négociation qui avait commencé avec l’accord d’Interim de 1995, en ce qui concerne la méthode du processus, elle a permis d’impliquer les citoyens, et spécialement le FYROM( acceptant de faire partie de la Macédoine du Nord) ainsi que des stades successifs d’approbation et de ratifications légales. Il suffit pour s’en rendre compte de voir comment les citoyens ont eu le droit à la parole et ont pu prendre des responsabilités tout le long du processus. Ce fut donc un processus démocratique réussi, un processus télique, finalisé au sens où il avait pour objectif final de trouver une vision qui imprègne toutes les temporalités et inspire déjà l’ensemble des ces phases. Le premier obstacle ne met pas fin à toutes les autres, et chaque phase est de la plus grande importance. Il n’est pas non plus contradictoire pour Zaey de s’engager dans le stade suivant considérant qu’il a reçu de la part des citoyen.ne.s actif/ve.s même en contexte d’abstention. Conséquemment, ce processus devrait reconnaître et transmettre les messages et les perceptions et les intégrer à la consultation collective.     

Plus encore, l’équilibre de la solution n’est pas dû à une impossible équation des pouvoirs entre les deux Etats ou à une application abstraite des principes du droit international. L’équilibre repose sur l’engagement à résoudre le problème tenace et difficile de l’identité au moment du retour de l’isolationnisme, de l’égoïsme national et de la montée des frontières et des barbelés. Un accord équilibré ne soulève pas les foules et de nombreux mouvements actuels sont nationalistes. Combien et quelles garanties institutionnelles peuvent exister pour une communauté ou une population afin qu’elle place sa confiance dans son « adversaire »? Quels modèles de négociation peuvent compenser les décennies de blessures en si peu de temps? Le temps des civilisations et le temps de la politique sont différents. Zaey a réussi à donner une place aux forces transnationales et la Grèce doit continuer le chemin de ces avancées pratiques avec encore plus de bonne volonté. 


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