Comment la Croatie est devenue la détentrice d’un nouveau record

"Une majorité claire en faveur de l’adhésion à l’UE", c’est ainsi que le télétexte de la Société autrichienne de radiodiffusion a rendu compte du référendum en Croatie concernant l’accession du pays à l’UE. En effet, deux tiers des votes exprimés ont dit "oui". En tenant compte d’une participation au référendum historiquement basse de 43%, cela signifie que seulement 29% de la population en droit de voter se sont prononcés en faveur de l’adhésion à l’UE.

A la veille du référendum de la Croatie sur l’adhésion à l’Union européenne, l’ancien général Ante Gotovina, qui passe maintenant son temps à Den Haag et qui était autrefois le principal obstacle aux négociations croates avec l’UE, a adressé au peuple croate un appel à voter en faveur de l’UE. Dans le même temps, les deux plus grands partis croates, les sociaux-démocrates (SDP) – actuellement au pouvoir – et les conservateurs (HDZ) – l’ancien parti au pouvoir – et l’Église catholique croate, faisaient tout pour convaincre les électeurs qu’« il n’y a pas d’alternative ».

De façon cynique, on pourrait dire qu’il doit y avoir quelque chose d’inquiétant, si un ancien patriote croate, les sociaux-démocrates et les conservateurs, ainsi que l’église, ne peuvent pas attendre pour rejoindre l’UE. Quelques jours avant le référendum seulement, le ministre des Affaires étrangères est même allé jusqu’à souligner que les retraites ne seront pas versées si le « oui » ne l’emporte pas (prétendument à cause de la baisse de notation). Et dans les dernières semaines, au cours d’une campagne « oui » qui a coûté environ 600 000 euros, les principaux arguments ont consisté en différentes sortes de chantages, parmi lesquels le plus fréquent, « Si nous n’entrons dans l’UE, nous allons rester dans les Balkans ".

Dans une telle atmosphère, il n’est pas surprenant que le référendum sur l’adhésion de la Croatie à l’Union européenne ait enregistré le plus faible taux de participation de tous les membres actuels. Avec une participation de seulement 43% des citoyens, la Croatie a battu la Hongrie, précédente détentrice du record, où le référendum sur cette question a connu une participation de 45%. Une explication possible en a été formulée par le Premier ministre croate, après les premiers résultats officiels : « craignant l’échec du référendum, nous avons changé la Constitution ». Si la définition bien connue du cynisme – « nous savons ce que nous faisons, mais nous le faisons quand même » – a jamais eu son plein effet, c’est bien ici. Ce ne sont pas seulement les règles du référendum qui ont changé en 2010 pour pousser à l’adhésion à l’UE, mais aussi d’autres éléments (juridiques, économiques, etc) ont été soigneusement mis en place ces 10 dernières années de façon à obtenir un « oui ». Si l’on ajoute la crise actuelle de l’UE, le faible taux de participation n’est pas vraiment une grande surprise.

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