Des organisations du mouvement pacifiste se sont rassemblées à Bruxelles pour dire Non à l’OTAN

Le dernier sommet de l’OTAN qui s’est tenu à Bruxelles le 25 mai a été important. Présenté comme une opportunité pour célébrer la très attendue inauguration des nouveaux locaux à Bruxelles, ce sommet a été dominé par deux sujets: le financement partagé des dépenses militaires et le renforcement de l’objectif de l’OTAN de lutte contre le terrorisme.

Tout en décidant que l’OTAN deviendrai un membre à part entière de la « Grande Coalition contre l’Etat islamique » née en 2004, dans la soi-disant « guerre contre Daesh », les dirigeants de l’OTAN ont accepté de développer des plans annuels nationaux pour atteindre l’objectif de 2% du PIB en dépenses militaires d’armement, objectif accepté au Pays de Galle en 2014 mais particulièrement mis en avant par l’administration Trump ces derniers mois. Les « trois Cs » sur lesquels sont construits ces plans «  Cash (Argent), Capacités, Contributions » peuvent facilement se traduire par cet impératif : augmenter les dépenses d’armement pour plus d’armes modernes et de guerres alors que tous les autres domaines (éducation, santé, politiques sociales, environnement, création d’emploi,…) souffrent de coupes budgétaires. 

Contre Sommet

A cette occasion, le réseau international « Non à la guerre- Non à l’OTAN » avait appelé à une action contre le sommer de l’OTAN à Bruxelles. Parmi d’autres initiatives, il a organisé le 25 mai, un contre-sommet et une conférence alternative internationale pour la paix où des militants de la paix du monde entier se sont rassemblés pour dire Non à l’OTAN et promouvoir la démilitarisation. 

La conférence a été organisée avec le soutien financier de transform! europe, Le Parti de la Gauche Européenne, le groupe de la GUE/NGL, et la participation des associations belges et internationales : Agir pour la Paix, 11.11.11., CNAPD, CND, CSOTAN, Intal, International Coalition to Ban Uranium Weapons , IPB, Mouvement de la Paix, Mouvement Chrétien pour la Paix (BE), Vrede vzw. 

200 participants ont fraternellement discuté des défis majeurs à la paix et comment les confronter dans une ambiance de solidarité et d’internationalisme.

Sessions

Le contre-sommet a commencé avec les salutations des invités et de Kate Hudson (CND, Campagne pour le Désarmement Nucléaire) qui ont remercié les 10 000 personnes qui ont manifesté le 24 mai contre l’OTAN et l’administration Trump. Le dénominateur commun des militants de la paix, des militants critiques de la mondialisation, des migrants, des militants pour le droit des LGBT, et des militants de l’environnement était le « NON » à plus d’armements. « Il (Trump) nous fait payer pour les guerres américaines » déclarait Kate Hudson.

« Nous avons besoin d’unité pour la justice sociale, l’égalité, la lutte contre le changement climatique »

La conférence a ensuite commencé avec une séance plénière où divers experts et militants de la paix ont discuté des enjeux clefs liés au rôle de l’OTAN dans le monde et des raisons d’appeler à un monde sans OTAN.

Nils Andersson, un expert français en droit international, également connu pour son engagement contre le colonialisme français (en Algérie) a discuté des guerres de l’OTAN dans une perspective globale : quels sont les buts de l’OTAN ? Quelle est sa portée ? Par définition, une organisation militaire sert à faire la guerre, a observé Andersson, et ainsi se pose également les questions : Guerres contre qui ? Guerres pour qui ? Présenté comme une alliance défensive, l’OTAN est en fait une alliance militariste. L’OTAN a « modelé l’Europe » car avoir l’Europe sous son influence a toujours été un objectif primordial des Etats-Unis. Le fait que l’OTAN, à travers les décennies, a changé de discours de la volonté d’hégémonie à la rhétorique de la défense et de la dissuasion ne change pas sa nature profonde ou son rôle dans le monde. Il est crucial de se mobiliser contre une future militarisation accrue de l’Europe et des Etats-Unis et de complétement éliminer l’OTAN jusqu’à sa dissolution.  

A propos de l’OTAN, l’EU, la militarisation et les conflits, Djordje Kuzmanović, intervenant de la France Insoumise a souligné la volonté des Etats-Unis et des membres de l’OTAN de se confronter à la Russie, même si cela augmente les risques de guerre. Cette nouvelle course aux armements alimente les tensions entre la Russie et empêche la construction de relations pacifiées. « Nous devons arrêter cette folie », concluant que « sans guerre, l’OTAN ne sert qu’à préparer des guerres futures ». 

Le problème de dépenses militaires a été présenté par Kees Van Der Pijl (Oorlog is geen oplossing, Pays Bas). Celui-ci a parlé du complexe militaro-industriel américain et de l’importance qu’il possède encore aujourd’hui. Analysant ce qu’il a appelé « un économie politique de la nouvelle guerre froide » , Van Der Pijl a souligné comment le capitalisme contemporain a complétement abandonné le « compromis de classe » qu’il avait du accepter après la seconde guerre mondiale : si alors, un « capitalisme à visage humain » accepté la nécessité de répondre aux problèmes de sa propre soutenabilité, les classes dirigeantes d’aujourd’hui  ont remplacé les compromis politiques et l’Etat Providence par une politique de la peur. L’OTAN a suivi ce même chemin.

Arielle Denis (ICAN, France) a elle parlé du Traité de l’ONU pour la bannissement des armes nucléaires puis Maz Saleem de la coalition « Stop the War » (Grande Bretagne) a conclu la séance plénière avec une présentation de l’OTAN et de la soi-disant « guerre contre la terreur ».

La première séance plénière a été ensuite suivie d’une série d’ateliers et de sessions spéciales sur les problématiques des relations EU-OTAN, la vente d’armes, les femmes et l’OTAN, les armes nucléaire américaine en Europe, la militarisation de la Méditerranée et la crise des réfugiés (un programme détaillé de la conférence est à trouver ici). Les ateliers ont été suivis par une séance plénière sur comment délégitimer l’OTAN.

Principaux débouchés :

Les principaux débouchés mis en avant par les promoteurs de cette conférence sont les suivants :

  • Le défi des mouvements pacifistes est de travailler contre la nouvelle étape de l’armement et l’objectif de 2% du PIB des pays membres de l’OTAN tout en se battant pour un vrai désarmement : un désarmement pour le développement et pour résoudre les principaux défis sociaux mondiaux. Les participants sont prêts à se mobiliser fortement pour relever ce défi.
  • Le traité de l’ONU pour le bannissement des armes nucléaires doit devenir une réalité. Il y a un besoin de désarmement nucléaire et non de modernisation des armes nucléaires. Ceci est un message pour toutes les puissances nucléaires. L’Europe doit enfin se délivrer de ces armes nucléaires.
  • La coopération et non la confrontation voilà l’objectif nécessaire et possible pour notre future. Spécialement avec la Russie, car la construction d’ennemis ne sert qu’à la préparation de nouvelles guerres.
  • Enfin, la fin des interventions guerrières –au Mali, en Afghanistan et tant d’autres pays où l’OTAN est en guerre–voilà la  condition sine qua non pour un développement pacifique et juste du monde.

En conclusion, Reiner Braun, co-président du Bureau International pour la Paix a réitéré un strict ‘Non à l’OTAN’ et à encourager à continuer à la lutte pour la délégitimer l’OTAN et à trouver les moyens de sa dissolution. L’OTAN est la paix dans le monde sont incompatibles. La coopération pacifiste est la seule option nécessaire Ces positions du réseau Non à la Guerre- Non à l’OTAN ont reçu l’accord de la majorité des participants. Cette vision ne deviendra une réalité avec une large, multiple et diverse mobilisation internationale du mouvement pacifiste mondial. L’ambiance optimiste des manifestations et du contre-sommet est encourageante pour la suite du combat.

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