Deuxième tour des élections présidentielles finlandaises. Une brèche vers l’émancipation ?

Le dimanche 5 Février, Sauli Niinistö du Parti de la Coalition Nationale de centre-droit a été élu 12e président de la République de Finlande. Au deuxième tour des élections, il a largement battu le candidat du Parti Vert, Pekka Haavisto, avec 62,6% contre 37,4% à Haavisto. Le Parti de la Coalition nationale contrôle maintenant à la fois le siège de Premier ministre et le bureau du Président.

La différence de résultat entre Niinisto et Haavisto est la plus importante de l’histoire des deux tours des élections présidentielles finlandaises. Les trois précédents deuxièmes tours ont toujours été assez serrés, la plus grande différence étant de 54% pour M. Martti Ahtisaari contre 46% pour Mme Elisabeth Rehn, en 1994.

Niinisto a été en tête des sondages d’opinion pendant les six ans qui se sont écoulés depuis les précédentes élections, dans lesquelles il a perdu contre l’actuelle présidente, Tarja Halonen, avec 48% contre 52% à Halonen.

Sauli Niinistö et Pekka Haav-isto sont tous deux des hommes politiques pro-UE, qui ont laissé de nombreux électeurs, sans candidat acceptable pour le second tour. Paavo Vayrynen du Parti du Centre et Timo Soini des Vrais Finlandais ont recueilli au total environ 27% au premier tour, et Paavo Arhimäki de l’Alliance de Gauche 5,5%. Les euro-critiques nationalistes et de gauche les plus durs (notamment les grandes circonscriptions électorales du nord de la Finlande) n’ont donc pas eu de candidat satisfaisant, ce qui a abouti au plus faible taux de participation de tous les temps de ce système électoral, 68,9%. Pour une partie de la gauche, la précédente position d’Haavisto à l’égard d’une éventuelle adhésion de la Finlande à l’OTAN était trop molle et le doute a subsisté sur ses véritables intentions sur ce point, bien que Niinisto et Haavisto aient tous deux déclaré pendant la campagne qu’ils s’opposeraient à l’adhésion de la Finlande au cours de ce mandat.

Mais on peut dire que Pekka Haavisto a fait l’histoire à bien des égards. Ses propositions alternatives à Niinisto étaient, après tout, plus humaines, plus sociales, à plus forte valeur libérale, plus émancipatrices et plus impliquées dans les politiques internationales au sens large et pas seulement en termes de promotion des intérêts de l’industrie d’exportation finlandaise. Haavisto a mobilisé un grand nombre de personnes politiquement non-alignées et a même recueilli une somme significative venant de petites donateurs au cours de la campagne du second tour – chose sans précédent. Haavisto a même mobilisé quelque 20-30% des électeurs des Vrais Finlandais, ce qui est remarquable pour une personne vivant en partenariat officiel avec un homme d’origine équatorienne, Antonio Flores. Flores lui-même a joué un rôle visible dans la campagne de Haavisto.

La question la plus intéressante à propos des élections est leur effet global sur la vie politique finlandaise. Le climat d’intolérance a-t-il glissé vers un terrain d’émancipation ? Le Parti Vert peut-il tirer profit du succès de Haavisto ? La politique menée depuis longtemps par le vétéran Paavo Vayrynen peut-elle regagner la présidence du Parti du Centre durant l’été et de nouveau transformer le parti en une force critique de l’UE ? Que vont devenir les sociaux-démocrates, après le résultat désastreux de 6,7% de Paavo Lipponen? Ces questions restent sans réponse et le prochain test sera celui des élections municipales en octobre de cette année.

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