I. Très brève analyse
1. L’arrivée au pouvoir du gouvernement Syriza a une double signification :
- En Grèce, il s’agit de répondre aux urgences humanitaires, de restaurer des droits sociaux et de commencer à reconstruire un appareil productif détruit et/ou privatisé
- En Europe, il s’agit de rompre avec l’unanimité pro-austérité et l’hégémonie de l’ordo-libéralisme du gouvernement allemand sur la zone euro.
2. Ces deux défis ne se confondent pas, mais chacun constitue pour l’autre une condition nécessaire même si pas suffisante : une défaite sur un des deux plans impliquera presque nécessairement une impuissance sur l’autre. Au contraire, une victoire sur le plan intérieur serait un nouvel élan pour tous les mouvements en Europe.
3. La priorité dans le conflit sur l’interprétation de ce qui nous arrive est donc de présenter le conflit non pas comme national (« L’Europe contre la Grèce ») mais comme social et politique : d’un côté, les intérêts des travailleurs et de leur famille, et de l’autre, les intérêts des financiers, banques et grandes entreprises représentées par les gouvernements néolibéraux et les institutions européennes.
4. Un engagement politique et social de nombreux mouvements et citoyens est possible et nécessaire. Sur le conflit politique au plan européen qui se joue pour l’instant, la résistance, ne fut-ce que d’un seul pays, est le premier pas d’une rupture avec l’austérité. Même si personne ne doute que cette première bataille n’est que le début d’un affrontement de longue haleine. En effet, le gouvernement grec est actuellement seul à exprimer une alternative, et ses projets sont soumis à une très forte adversité généralisée. Une solidarité concrète avec le peuple grec et ses organisations se justifie doublement :
- Par une simple solidarité avec des camarades en luttes – et avec les organisations que nous soutenons depuis longtemps
- Parce que le succès du gouvernement Grec sur ses urgences intérieures renforcerait sa capacité d’action au plan européen et ouvrirait des perspectives de changement ailleurs en Europe.
II. Notre position
Alter Summit est un réseau européen de syndicats et de mouvements sociaux, qui luttent ensemble contre l’austérité, et pour une Europe sociale, écologique, féministe et démocratique. Notre vision pour l’avenir de l’Europe a été exprimée dans notre Manifeste d’Athènes . A ce titre :
1. Nous défendons le peuple grec et sa décision démocratique d’opter pour le « programme de Thessalonique » et de rejeter l’austérité et la Troïka;
2. Nous continuerons à soutenir les mouvements sociaux et les syndicats grecs, tant dans leurs combats politiques contre l’austérité que dans leurs actions concrètes de solidarité;
3. Nous soutenons les décisions du gouvernement grec visant à lutter contre l’austérité et les ingérences anti-démocratiques de la BCE, de la Commission et des Conseils européen et EcoFin;
4. Nous appelons les États, les Régions et les collectivités locales ainsi que les responsables politiques à défendre une vision de la société inspirée du Manifeste d’Athènes;
5. Nous appelons les membres du Parlement européen et les gouvernements des Etats membres de l’UE, des Régions et des collectivités locales à soutenir le droit du gouvernement grec de réaliser le programme sur base duquel il a été élu et à rejeter toute forme de pressions et d’entraves à leur liberté d’action ;
6. Nous continuerons dans toute l’Europe à soutenir et à organiser les luttes contre l’austérité et pour la démocratie en ayant conscience que le changement en Grèce n’est pas une menace, mais bien une opportunité pour nous tous.
Bruxelles, mars 2015
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