Après les élections, la coalition de droite au pouvoir a affirmé qu’elle était décidée à gouverner jusqu’aux élections normales (2014), en dépit d’une majorité parlementaire de 1 à 2 députés. La tension sociale, qui montait la semaine dernière, n’a pas été en diminuant jusqu’à présent. Le candidat défait, Karel Schwarzenberg, a terminé deuxième dans les 13 régions, il l’a emporté seulement à Prague (66%).
Le taux de participation au premier tour était de 61% (comparable à une élection parlementaire) et de 59% au second.
Milos Zeman est pro-européen, la position tchèque dans l’UE pourrait donc s’améliorer à l’avenir. On peut supposer qu’il jouera un rôle actif sur la scène politique étrangère, mais pas orientée principalement de façon significative vers les pays germanophones. Ce sera plutôt une politique en diverses directions (y compris La Russie, la Chine et d’autres pays, principalement avec l’importance économique de notre république). Il se présente comme un euro-réaliste. Zeman est un économiste qui préfère des mesures favorables à la croissance plutôt que des mesures d’épargne et d’austérité. Cette orientation va entrer en conflit avec le gouvernement tchèque actuel. Mais les problèmes de la crise actuelle n’étaient pas le thème central de la fin de la campagne présidentielle. Le candidat de gauche a atteint ses meilleurs résultats principalement dans les régions au chômage plus élevé ou ayant la situation sociale la pire. Les néolibéraux tchèques s’attendent à plus de difficultés pour mettre en œuvre les conceptions néolibérales de l’Union européenne. Les partisans de solutions de gauche à la crise espèrent ces difficultés.
Phase pré-électorale
Les électeurs ont envoyé deux candidats au second tour de la première élection présidentielle directe tchèque. Le premier, Milos Zeman, s’attendait à ce que son combat se poursuive au second tour étant donné que les résultats des différents sondages préélectoraux l’y avaient toujours vu. Le second candidat, Karel Schwarzenberg, est parti loin derrière (selon les sondages), mais est finalement arrivé à seulement 2% du leader.
Dans les semaines précédant le second tour, la bataille de propagande a fait rage ; les deux candidats ont mobilisé tous leurs partisans et leurs efforts propres pour gagner les suffrages des électeurs des candidats malheureux du premier tour.
Mais les questions soulevées semblaient moins importantes pour l’avenir de l’Etat tchèque, que le passé de ces hommes, leurs compétences, leur style de communication, etc. Les discussions ou les commentaires des journalistes et des blogueurs, mais aussi les candidats eux-mêmes ont ignoré la plupart des importants problèmes actuels et les solutions possibles – la crise économique et sociale, l’augmentation des tensions sociales et de la défiance par rapport aux mécanismes démocratiques. L’analyse des forces représentées par les candidats ou les intérêts qu’ils défendent a également été beaucoup moins fréquente.
De gauche Zeman, de droite Schwarzenberg ?
Je ne suis pas sûr qu’il y ait une grande différence entre les deux finalistes. Les médias de masse ont essayé de montrer des images presque en noir et blanc cette confrontation électorale. Mais ce n’est pas la réalité. Il est vrai que les représentants de la conception tchèque de la restructuration néolibérale de la société – comme le candidat de l’ODS (parti de droite au pouvoir depuis des années), P. Sobotka, ou J. Fischer (ancien premier ministre du gouvernement intérimaire en 2010) – n’ont pas progressé. Le candidat de l’ODS a perdu sa première place. L’actuel président Vaclav Klaus a déclaré ouvertement, que la droite tchèque a subi une lourde défaite, l’une des plus grandes au cours des dernières années. Les sociaux-démocrates tchèques ont également échoué ; leur candidat Jiri Dienstbier était en quatrième position, le parti lui-même a été divisé et un certain nombre de ses membres et sympathisants ont probablement voté pour Milos Zeman. La gauche radicale tchèque (principalement représentée aux élections par un parti communiste et ses candidats) n’a pas désigné de candidat propre en prétextant que cela pourrait conduire à un affaiblissement de la gauche.
On considère Zeman comme de gauche et on présente Schwarzenberg comme de droite. Mais Zeman est plutôt social-libéral par rapport aux sociaux-démocrates ( « type Blair »). Schwarzenberg fait davantage partie des Européens cosmopolites qu’il n’est le leader d’un parti local de droite conservatrice (dont il est président). Il est lié aux puissances internationales et mondiales par son histoire personnelle (membre de la noblesse autrichienne historique et vivant hors de l’ex-Tchécoslovaquie au cours de la période du socialisme d’Etat). Il a travaillé avec Vaclav Havel dans sa période de dissidence et, plus tard, au cours de sa présidence (dans son bureau). Par la suite, il a été désigné comme candidat au poste de ministre des Affaires étrangères – d’une part par les Verts, et maintenant en tant que leader d’un des partis de la coalition. Il est donc difficile pour lui de prendre ses distances par rapport à l’impopularité du gouvernement actuel, mais néanmoins son score électoral était inattendu (surtout en comparaison avec le candidat du parti de droite ODS toujours au pouvoir). Karel Schwarzenberg a récemment reçu de nombreux soutiens de divers groupes tels que les VIP du milieu culturel ou sportif et de la plupart des grands médias. Plus que son adversaire, Milos Zeman a mis en évidence l’intérêt national et il essaie davantage de répondre aux points de vue des « gens ordinaires ». Certes, il y a polarisation gauche-droite, mais pas de façon significativement dominante même si les médias l’ont présentée comme telle.
Maintien de l’orientation néolibérale
L’élection présidentielle ne peut pas changer la direction néolibérale du gouvernement et des élites dirigeantes au moins jusqu’aux prochaines élections ordinaires (en 2015) ou jusqu’à des élections extraordinaires. Les deux candidats ont représenté des forces se réclamant plus ou moins du modèle européen néolibéral et de sa solution à la crise. Cependant Milos Zeman a été perçu comme beaucoup plus acceptable par les électeurs de gauche, bien que certains d’entre eux aient voté pour lui avec hésitation. L’alternative Karel Schwarzenberg semblait être la pire option pour la gauche, à la fois sur le plan stratégique et également à court terme.