Le Parlement européen à Bruxelles a organisé une réunion plutôt inhabituelle les 8 et 9 février. Convoqué par GUE et REALPE (réseau européen des autorités locales et des conseillers progressistes), plus d’une centaine d’élus locaux et de députés européens progressistes venant de 15 pays de l’UE se sont réunis pour échanger sur les conséquences des politiques d’austérité sur les pouvoirs locaux et de réfléchir à ce qu’on peut faire ensemble pour y faire face.
Des conférenciers venus de pays divers font des analyses communes – la situation s’est profondément détériorée au cours des derniers mois et la pauvreté a considérablement augmenté dans la plupart des pays. Grèce, Portugal, Irlande et Espagne sont particulièrement touchés. Le député européen, Nikos Chountis (Grèce), a montré comment les enfants de son pays ne peuvent plus prendre de petit déjeuner le matin avant d’aller à l’école. Bien que les municipalités n’aient pas de ressources en trop, elles doivent encore organiser des repas du matin pour ces enfants ! Dans de nombreux pays, les instances locales ont fait banqueroute et ne peuvent plus répondre aux besoins grandissant de la population. Les services publics sont complètement démantelés. Les réductions de salaire viennent après celles des pensions et les suppressions d’emplois. Et les gouvernements tendent à augmenter les impôts sur les salariés.
Les participants ont convenu que cette situation n’est pas le fruit du hasard, mais est le résultat d’une politique néo-libérale délibérée qui nie le rôle novateur et de proximité des instances locales. Les politiques néolibérales ne se soucient pas de processus démocratiques, bien au contraire. Comme les municipalités et les maires en particulier demeurent les plus proches références des citoyens, il faut les supprimer et confier les services à des acteurs privés. Quand ils manquent de ressources essentielles pour fournir l’eau et l’énergie, ils sont tentés de faire appel à des entreprises privées pour fournir ces services.
Cette période, sans précédent, engendre colère, mécontentement et des mouvements sociaux croissants dans la plupart des pays. En Roumanie, le Premier ministre a dû démissionner. En Grèce et au Portugal, les grèves générales se développent régulièrement. Les élus locaux progressistes sont très actifs dans ces actions de protestation. Ce qui ressort de la réunion de Bruxelles a été une forte attente d’action commune. Que faire dans une situation aussi critique pour changer cela ? Comment REALPE peut-il aider à faire circuler l’information, les meilleures pratiques locales et la liste des entreprises « toxiques » ?
Cette réunion s’est donc achevée avec des propositions concrètes.
Les 100 participants ont décidé de soutenir la journée européenne d’action du 29 février initiée par la confédération européenne des syndicats. Suite à la préoccupation générale concernant la tendance actuelle à la privatisation croissante de l’approvisionnement en eau, les conseillers et parlementaires européens ont décidé de participer activement au Forum Alternatif mondial de l’eau qui se déroulera à Marseille (France) du 13 au18 mars. Comme l’a proposé l’ancien député européen Francis Wurtz, nous serons tous présents à la réunion de Bruxelles les 30-31 Mars pour préparer le Sommet social européen alternatif, à l’initiative du Parti de la Gauche Européenne. REALPE a annoncé qu’il allait lancer un site web (www.realpe-europa.eu/) pour regrouper toutes les actions des instances locales en Europe et contribuer à une mobilisation progressiste.