Fortes contradictions en Hongrie

Initialement, dans les pays d’Europe de l’Est, la majorité des populations sont restées politiquement passives au moment de la transition du socialisme au capitalisme. Elles attendaient patiemment la mise en place d’une société du bien-être sur le modèle suédois. Mais après vingt ans, avec la fermeture des usines, la disparition d’une agriculture efficace, la fin du plein emploi et de la sécurité individuelle et surtout la ré-apparition d’une pauvreté endémique, la période de grâce est terminée.
Fortement influencées par les médias, il y a de nombreuses manifestations en Hongrie ces jours-ci. Mais rien ne les unit. Le 2 janvier, par exemple, il y a eu une manifestation de 100 000 personnes contre le gouvernement. Elle a été suivie, le 21 janvier, par une contre-manifestation avec au moins autant de personnes soutenant le gouvernement. Le souci partagé par les deux camps, ce sont les conditions de vie. Les principaux slogans étaient : « défendre le système démocratique » pour un des groupes et « mettre fin à notre colonisation par l’Union européenne » pour l’autre.
Les mesures anti-démocratiques prises par le gouvernement contre la liberté de la presse, l’indépendance de la justice, les syndicats et la législation du travail, montrent assez clairement que le gouvernement sait qu’il ne peut pas améliorer les conditions de vie de la majorité de la population et qu’il se prépare le moment venu à réprimer les manifestations de mécontentement et pour les revendications populaires. La question actuelle et future pour la gauche est de parvenir à expliquer qu’il ne suffit pas de s’opposer aux capitaux étrangers, qu’un nationaliste ne fera rien pour la population, et que le capital national est tout aussi vorace. La Hongrie est un ancien pays socialiste dans lequel une grande partie de la population s’est naïvement laissée emporter dans les turbulences qui ont balayé notre région. Il y a vingt ans, ce peuple n’était pas encore assez mûr pour se défendre contre l’invasion des capitaux et des grandes entreprises assoiffés de profit. Bien qu’il existe encore une grande confusion, il y a dans la crise actuelle des signes permettant d’espérer une nouvelle prise de conscience politique, avec la participation active d’un plus grand nombre de citoyens.

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