Deux mois après sa formation, le nouveau gouvernement de coalition du Parti socialiste (PASOK), du parti de droite de la Nouvelle Démocratie et de l’extrême droite sous la direction du technocrate, ex-cadre supérieur de la BCE, Lucas Papademos, continue à déréglementer les relations de travail, à dissoudre l’État-providence, à réduire les salaires et les pensions, à privatiser les biens publics et à restreindre les droits sociaux.Il semble que la crise en Grèce constitue la meilleure opportunité pour le capital national et international pour en finir une fois pour toutes avec les acquis collectifs ainsi qu’avec la démocratie telle que nous la connaissons.
Dans le même temps la situation budgétaire de la Grèce reste critique avec un déficit public de 10,5% à la fin 2011, une récession d’environ 6% et un taux de chômage officiel de 17,7%. N’oublions pas que la politique de contraction suivie sous la dictée de la troïka FMI-UE-BCE et du gouvernement grec durant les deux dernières années avait pour but de résoudre le problème de la très forte dette publique. La dette s’élève maintenant à 144% du PIB et les négociations sur la base retenue le 26 octobre n’ont pas encore abouti.
Même si les banques hésitent encore à accepter une décote importante de la valeur des obligations grecques (50% ou plus), la non-soutenabilité de la dette publique d’une part, et l’augmentation possible des besoins de financement après le déclassement récent des grandes économies européennes (y compris la France) de l’autre, rendent un accord impératif pour que l’UE puisse continuer à gérer la crise de la dette selon les mêmes lignes.
Dans tous les cas, le dilemme exorbitant proposé au peuple grec par le gouvernement et les médias bourgeois reste le même : la Grèce doit quitter la zone euro si la population ne consent pas à de nouvelles mesures qui réduisent encore leurs revenus et portent atteinte à l’État-providence. La politique d’austérité néolibérale est toujours présentée comme un chemin incontournable et à sens unique que tous les pays – sans parler de la Grèce – doivent suivre.
Pour s’opposer à cette logique, des dizaines de petits et grands mouvements font leur apparition dans tout le pays : de longues grèves dans les usines et autres lieux de travail en réaction aux licenciements et aux baisses de salaires, des centaines de réseaux de solidarité auto-organisés dans de nombreux quartiers, des mouvements de désobéissance contre les hausses d’impôt. L’élément de base de ces nouveaux mouvements, c’est la solidarité, la solidarité entre les travailleurs de différents secteurs de production, la solidarité entre les travailleurs et les chômeurs. Le slogan « nul ne doit être laissé seul dans la crise » condense toutes ces initiatives, qui sont non seulement contre le gouvernement, mais prônent aussi une manière complètement différente d’organiser l’économie et la société.
C’est ce qui est le plus porteur d’espérance dans un pays qui s’enfonce dans la pauvreté, le chômage et le désespoir à cause de la cruauté des politiques menées. C’est aussi la plus grande crainte des forces politiques qui soutiennent le Memorandum, dont les limites seront sérieusement testée dans les mois à venir.