Contrairement aux proclamations très optimistes des médias dominants, l’Europe n’en a pas fini avec la crise. Les programmes d’austérité mis au point par la «Troïka », c’est-à-dire la Commission européenne, la Banque centrale européenne et le Fonds monétaire international, ne conduisent pas seulement à une baisse spectaculaire du niveau de vie d’une grande partie de la population dans les pays où elles sont imposées. Elles menacent aussi de plonger une grande partie de l’Europe du Sud dans un désastre social et humain.
Cette crise va également entraîner l’Europe dans une récession de longue durée que les perspectives économiques publiées à la fin de l’année semblent confirmer. Ce qui évidemment aura une incidence sur tous les Etats, mêmes ceux qui, en apparence, sont stables et que la crise semble même avoir renforcés.
Dans ce contexte général économiquement sombre, une nette tendance à la centralisation de la prise de décision se dessine dans l’Union européenne, avec une évolution vers l’autoritarisme. Le pacte budgétaire adopté en décembre 2011 par 25 des 27 chefs de gouvernement met les budgets nationaux sous le contrôle de la Commission européenne, de même que l’accumulation de pouvoir par la Banque centrale européenne qui continue à manquer de contrôle démocratique et de responsabilité publique, ne peut que conduire à une exacerbation des contradictions politiques, entre autres entre une «Europe centrale» autour des économies les plus puissantes, et une périphérie européenne ainsi créées. Il est plus que douteux que ces politiques menées dans l’espoir d’une stabilisation des marchés financiers soient couronnées de succès.
Par ailleurs, il existe d’autres risques politiques : la crise et ses conséquences sociales désastreuses risquent de délégitimer l’intégration européenne aux yeux d’une grande partie de la population. Elles suscitent et accentuent l’émergence des partis populistes nationalistes et des partis d’extrême droite à travers le continent. L’Europe se trouve donc à la croisée des chemins, ce qui transparaît dans le titre du Mémorandum de cette année, « L’approfondissement de la crise dans l’Union européenne : le besoin de changement fondamental ».
Mais 2012 a aussi été une année de grands mouvements de résistance dans différents pays européens, parmi eux la première grève transnationale, le 14 novembre, initiée par de grands syndicats d’Europe du Sud qui a suscité une large solidarité dans d’autres parties de l’Europe.
Comme l’an dernier, transform! europe s’est chargé de produire les versions imprimées de l’EuroMemorandum en anglais, français, grec et allemand – pour ce dernier en collaboration avec la revue allemande "Sozialismus".
Ainsi, nous espérons non seulement apporter une contribution utile au débat européen sur les alternatives sociales, économiques et écologiques, mais aussi aider au développement d’un vaste mouvement politique vers une autre Europe traduit dans l’Alter-sommet des peuples d’Europe, qui aura lieu à Athènes du 7 au 9 juin.
La version longue de l’EuroMemorandum 2013 peut être téléchargée ici en anglais, allemand et français. Des résumés dans d’autres langues peuvent également être téléchargés.
Plus de 350 économistes et sociologues venus de toute l’Europe et au-delà ont déclaré leur soutien au nouvel EuroMemorandum.
www.euromemo.eu