Par Elena Papadopoulou, Institut Nicos Poulantzas
Trois mois après les élections du 17 juin et la formation du nouveau gouvernement de coalition, la fin de la trêve estivale retrouve la Grèce en plein marasme.
Quand on fait le point sur les dernières évolutions du pays, on a l’impression de raconter encore et toujours l’histoire d’une farce sans fin. Depuis la signature du premier mémorandum en mars 2010, aucun des programmes d’ajustement n’a réussi à apporter les fruits promis. Au contraire, la récession s’est aggravée de façon spectaculaire (on l’estime à environ -6,5%, cette année), le chômage a grimpé en flèche (le taux officiel est maintenant de 23,6%), l’Etat-providence est au bord de l’effondrement et l’ « objectif ultime » de contenir la dette publique a échoué puisque sa dernière restructuration en mars n’a pas réussi à la rendre soutenable et que des discussions sur une nouvelle restructuration ont déjà commencé.
Début 2012, la Grèce a signé un nouveau plan de sauvetage de 130 milliards, avec un second mémorandum. A cette époque et en pleine période pré-électorale, les partis politiques qui forment maintenant la coalition gouvernementale ont déclaré qu’il n’y aurait pas plus de mesures d’austérité. Une fois de plus, c’était faux.
Cependant, leur spectacle doit continuer – en quelque sorte. Début septembre, la société grecque a dû se trouver face à une autre « vérité amère », un paquet de mesures d’austérité. Les mesures précises, d’un montant de 11,6 milliards de dollars, doivent être décidées à la fin de cette semaine et de façon certaine avant l’Eurogroupe du 8 octobre prochain, où le FMI présentera son rapport sur le programme d’ajustement grec et la soutenabilité de la dette grecque. Même si la répartition des réductions supplémentaires n’a pas été officiellement annoncée, l’essentiel de la charge (près de 80% de ce qui est déjà décidé) consistera en nouvelles réductions des salaires de la fonction publique, des pensions, des prestations sociales, des dépenses de santé et d’éducation.
Parallèlement, la justification de la politique économique suivie n’apparaît pas plus pertinente. Les estimations sur l’évolution des indicateurs économiques sont révisées presque chaque mois et la seule promesse que le gouvernement est capable de faire est que « cette fois sera la dernière ».
Pour SYRIZA, c’est le début d’un défi encore plus grand : faire face au besoin urgent de protection des couches sociales vulnérables, mener un dur combat contre le nouveau fascisme qui se pavane en toute liberté dans la société grecque, et, simultanément, travailler méthodiquement à l’élaboration de son programme et construire sur la confiance et l’espoir qu’une grande partie du peuple grec a mis en lui au cours de la dernière période. Une fois de plus, ses contacts permanents et le développement des luttes communes avec les partis de la gauche européenne sont indispensables.