Une première évaluation
Le résultat du parti libéral FDP est très faible. Leur résultat précédent s’est avéré être une bulle spéculative et a simplement marqué le début de la fin de leur présence au Bundestag.
Le parti social-démocrate (SPD) a pu légèrement améliorer ses résultats, mais a obtenu l’un des pires résultats de son histoire. Malgré une intense campagne, il n’a obtenu que le quart des suffrages – plus 2,5% par rapport au creux de 2009 –, ce qui devrait le ramener sur terre en ce qui concerne ses possibilités politiques. Le parti ne peut apparemment pas inverser les changements tectoniques chez ses partisans, résultat de la politique de réforme rouge-verte des années 2000-2005. Il a définitivement perdu une partie importante de ses électeurs passés à Die Linke, à l’abstention et aussi à la CDU. Le SPD n’a pas pu regagner du terrain par rapport à la CDU dans l’électorat du centre, ni sur sa gauche par rapport à Die Linke.
La percée des Verts dans de nouvelles classes sociales, néo-bourgeoises, a été interrompue. Ils ont obtenu un résultat qui reflète le nombre de leurs électeurs traditionnels, sur lesquels ils se sont concentrés au cours de la dernière phase de leur campagne. Les Verts ont été confrontés à des vents contraires massifs du camp conservateur et des groupes associés, qui dénonçaient notamment leurs plans financiers.
Die Linke a obtenu un résultat respectable qui le place au troisième rang, devant les Verts et la CSU. Le parti a pu confirmer son résultat de 2009 et aussi montrer qu’il était un parti national en obtenant plus de 5% des votes à l’Ouest.
L’Alternative pour l’Allemagne (AFD) a raté de peu l’entrée dans le Bundestag. Dans le paysage politique allemand, il existe maintenant un parti protestataire dans le spectre bourgeois de droite. L’AFD non seulement a rassemblé les partisans du marché libéral de la CDU et du FDP en désaccord avec la politique européenne du gouvernement mais a également obtenu des voix de gauche. Leur campagne dans les différents Länder allemands reflète la diversité des forces rassemblées sous le nom de « Alternative » et donne un aperçu des défis auxquels ils seront confrontés quand il s’agira de consolider le parti.
Le taux de participation n’était que légèrement plus élevé que celui, bas, de 2009. Jamais au cours des conquante dernières années, il n’y a eu autant de votants privés de représentation parlementaire. Si le résultat actuel reste ce qu’il est, près d’un sixième des électeurs ne seront pas représentés dans le Bundestag.
Le camp « bourgeois » devra maintenant déterminer s’il continue avec trois partis ou si une fusion du FDP et l’AFD sous un drapeau national-libéral sera un meilleur moyen de lui garantir le pouvoir.
Le total des votes obtenus par la CDU, le FDP et l’AFD se monte à 52% et donc dépasse les 49% de la CDU et du FDP en 2009. Pour la deuxième fois consécutive, le camp bourgeois est clairement devant celui de « gauche ».
Dans le camp de la « gauche », tout tourne autour de la question de savoir si le SPD et les Verts vont défendre leur représentativité exclusive ou si la création de Die Linke pourrait conduire à un changement des options politiques stratégiques. Après l’échec de leur stratégie d’alliance avec les sociaux-démocrates, les Verts devront se demander s’ils veulent encore se considérer comme appartenant à un camp ou s’ils veulent rester entre les deux camps et, dans ce cas, former une majorité aussi bien avec la CDU qu’avec le SPD et Die Linke.
Version longue en allemand sur le site de la Fondation Rosa Luxemburg .