Afin de contribuer à l’évaluation de la situation du point de vue des salariés et des syndicats – ainsi qu’au débat sur les propositions alternatives pour une autre politique de l’emploi -, transform! a tenu à Vienne les 6 et 7 mai, un atelier européen réunissant des chercheurs, des syndicalistes et des militants des mouvements sociaux.
Si les recettes proposées par les élites néolibérales européennes et nationales pour ce qu’on appelle la lutte contre le chômage sont de la même essence dans toute l’Europe – mais avec des nuances dans l’intensité et les dates de mise en œuvre -, les ressources et la force des syndicats diffèrent d’un pays à l’autre. Il est nécessaire d’étudier en profondeur ces différences pour aider à développer une stratégie syndicale au niveau européen : la densité syndicale, les outils institutionnels de négociation collective, les relations avec l’état et le degré de radicalisme des propositions alternatives – tout cela compte quand on cherche à expliquer les mobilisations contre les réformes des marchés du travail, a souligné le chercheur à l’Institut du travail et des qualifications (IAQ, Allemagne), Steffen Lehndorff.
Les fondements mêmes de ces réformes sont les mêmes. Mais cela n’en fait pas un véritable modèle social européen – ou si oui, alors un modèle basé sur la dévaluation interne et la destruction des droits du travail, comme l’a déclaré le professeur de droit du travail à l’Université de Valence, Adoración Guamán. Et il semble que cela va s’accélérer dans les années à venir : selon le rapport des Cinq présidents, «pour que l’UEM soit un succès, le marché du travail et les systèmes de protection sociale doivent fonctionner correctement et de manière équitable dans tous les États membres de la zone euro ». Nul besoin de lire entre les lignes pour comprendre que ce qu’ils prévoient est « toujours la même chose », quels que soient le manque d’efficacité ou l’opposition croissante à ces réformes.
Ancien dirigeant du syndicat CGT français et maintenant membre du conseil d’Espaces Marx, Christian Pilichowski, n’a pas tourné autour du pot : « pendant des années, nous avons combattu ces réformes. Nous avons réussi à arrêter certaines d’entre elles. Mais qu’avons-nous gagné ? Rien. Nous devons établir notre propre programme. » Avancer dans cette direction pourrait être de développer davantage les alliances entre les syndicats et les mouvements sociaux. Ces derniers, souvent composés de jeunes dont le seul horizon a été la précarité, s’intéressent de plus en plus aux questions du travail. En dépit des différences parfois profondes entre ces deux types d’organisation, il faudrait développer les convergences. Elles ont porté leurs fruits dans plusieurs pays (notamment au Portugal), et c’est donc possible.
Le réseau AlterSummit fournit une plate-forme où les syndicats et les mouvements sociaux peuvent se rencontrer, débattre, échanger – et essayer de développer des stratégies communes. Le démantèlement des droits du travail et des droits sociaux en Europe, ainsi que les alternatives à lui opposer, seront au cœur de la grande conférence qui se tiendra à Bruxelles à l’automne prochain. Le Groupe de travail de transform! sur le travail jouera un rôle clé dans le processus préparatoire. D’ici là, il préparera une publication collective pour contribuer à ce débat européen de la plus grande importance.