Ce 8 mars, nous voulons élargir nos alliances entre femmes en défense des droits que nous avons conquis. C’est l’union de nombreuses femmes dans le monde qui nous a permis à nous toutes de remporter de grandes victoires et d’obtenir les droits dont nous bénéficions actuellement. Nous sommes précédées d’une longue lignée de femmes militantes, syndicalistes et de suffragettes. Cependant, nous savons que ce n’est pas suffisant : il reste beaucoup à faire et nous poursuivons notre combat.
Nous observons qu’en Europe, les politiques d’austérité et l’avancée de l’extrême droite ébranlent nos conquêtes. Dans ce contexte, la sororité est notre arme ; c’est l’action de masse qui nous permet de continuer à aller de l’avant. Le 8 mars est notre date, qui est mondiale et revendicative.
Ce 8 mars, nous, les femmes de toute l’Europe, sommes appelées à prendre part à la GRÈVE FÉMINISTE.
Nous affichons une identité plurielle et nous sommes diverses. Nous vivons dans des pays aux multiples réalités socio-économiques et socioculturelles, en milieu rural et urbain, et nous sommes actives sur des lieux de travail et dans le secteur des soins. Nous sommes villageoises, gitanes, émigrées et racialisées. Nous représentons tous les âges et nous sommes conscientes d’être lesbiennes, trans, bisexuelles, hétéros… Nous sommes les absentes : nous sommes celles qui ont été assassinées, nous sommes les prisonnières. Nous sommes aussi les invisibles, les réfugiées et les victimes de la traite à des fins d’exploitation sexuelle. Nous sommes CHACUNE D’ELLES. Ensemble, le 8 M, nous allons paralyser l’Europe en scandant ASSEZ ! de toutes ces violences auxquelles nous nous heurtons.
C’en est ASSEZ ! des agressions, des humiliations, des marginalisations ou des exclusions. Nous réclamons que tous les pays européens appliquent la Convention d’Istanbul, qui reconnaît que la violence à l’égard des femmes constitue une violation des droits humains, et que tous les pays disposent des ressources et des moyens nécessaires à de véritables politiques efficaces capables de mener à une Europe dénuée de toute forme de violence contre les femmes et les filles. Nous dénonçons la répression exercée par les gouvernements et les groupes politiques qui dirigent la répression du combat pour les droits sociaux et reproductifs.
Nous en avons ASSEZ ! des violences machistes, quotidiennes et rendues invisibles, que nous, les femmes, endurons, quels que soient notre âge et notre condition. NOUS VOULONS pouvoir nous déplacer librement, partout et à chaque instant. Nous soulignons et dénonçons la violence sexuelle comme expression paradigmatique de l’appropriation patriarcale de notre corps dont les femmes en situation de vulnérabilité, notamment les migrantes et les travailleuses domestiques, sont davantage victimes. Il est urgent que notre revendication « Ni Una Menos » (Pas une de moins) devienne une réalité.
Nous en avons ASSEZ ! de l’oppression liée à nos orientations et identités sexuelles ! Nous dénonçons la phobie sociale, institutionnelle et au travail contre les LGBTI subie par beaucoup d’entre nous. Elle constitue une modalité supplémentaire de violence machiste. Nous sommes des femmes et nous sommes plurielles.
Nous sommes celles qui reproduisent la vie. Le travail domestique et de soins que nous, les femmes, réalisons est essentiel au maintien de la vie. Sa gratuité ou sa dévalorisation très fréquente est un piège inhérent à l’essor du capitalisme. Aujourd’hui, la grève des soins dans la famille et dans la société nous permet de donner de la visibilité à un travail qu’on ne veut pas reconnaître, qu’il soit effectué à la maison, mal payé ou au noir. Nous exigeons que le travail dans le domaine des soins soit reconnu comme un bien social fondamental, et nous exigeons la répartition de ce type de tâches.
Aujourd’hui, nous revendiquons une société libérée des oppressions, de l’exploitation et des violences machistes. Nous lançons un appel à la rébellion et à la lutte contre cette alliance entre le patriarcat et le capitalisme, qui nous veut dociles, soumises et silencieuses.
Nous n’acceptons pas d’être soumises aux pires conditions de travail ni d’être moins bien rémunérées que les hommes pour un même travail. C’est pourquoi le 8 M, nous menons également une grève du travail.
Elle s’attaque aux plafonds de verre et à la précarité de l’emploi, car les emplois que nous réussissons à décrocher sont caractérisés par le fait d’être précaires, incertains, peu rémunérés et à temps partiel involontaire. Nous gonflons les rangs de chômeurs. Bon nombre de nos emplois ne sont pas protégés ou ne sont pas réglementés. Certaines d’entre nous parviennent à accéder aux meilleurs postes, mais on observe que ce sont des hommes qui occupent les fonctions mieux rémunérées et à plus grande responsabilité.
Nous en avons ASSEZ ! de la discrimination salariale liée au fait d’être femmes, du mépris et du harcèlement sexuel sur le lieu de travail.
Nous dénonçons le fait qu’être une femme est la principale cause de pauvreté et que nous soyons punies en raison de notre diversité. Beaucoup d’entre nous sont plus âgées, migrantes et racialisées ou présentent une diversité fonctionnelle ou une image qui s’éloigne de la norme. De ce fait, elles sont davantage plongées dans la précarité. Nous exigeons que notre situation professionnelle nous permette de développer un projet de vie en toute dignité et de manière autonome et que notre emploi soit adapté aux impératifs de la vie. En effet, la grossesse ou le travail lié aux soins ne peuvent constituer des motifs de licenciement ou de marginalisation en matière d’emploi et ils ne doivent pas hypothéquer nos aspirations personnelles ou professionnelles.
Nous revendiquons également les pensions que nous avons gagnées. Nous ne voulons plus de pensions de misère qui nous obligent à vivre notre vieillesse dans la pauvreté.
Nous clamons haut et fort notre opposition au néolibéralisme sauvage qui s’impose comme une pensée unique à l’échelle mondiale et qui détruit notre planète et notre existence. Nous, les femmes, devons jouer un rôle majeur dans la lutte contre le changement climatique et la préservation de la biodiversité. C’est pourquoi nous sommes fermement attachées à la souveraineté alimentaire des peuples. Nous exigeons que la défense de la vie soit placée au centre de l’économie et de la politique européenne.
Nous exigeons d’être les protagonistes de nos propres vies, de notre santé et de nos corps, en l’absence de pression de nature esthétique et de marchandisation visant à satisfaire les appétits sexuels et reproductifs du patriarcat. Nos corps ne sont pas des marchandises ni des objets. Aussi, nous menons également la grève de la consommation. Nous en avons assez d’être utilisées comme une marchandise et comme un instrument de publicité !
Nous exigeons également la dépathologisation de nos vies, de nos émotions et de nos conditions : la médicalisation répond aux intérêts des grandes entreprises, et pas de notre santé. Nous en avons assez que les cycles de notre vie soient traités comme des maladies !
L’éducation est le principal moment de construction de nos identités sexuelles et de genre. C’est pourquoi nous revendiquons notre droit de nous toutes à une éducation publique, laïque et féministe. Une éducation qui ne relègue pas notre histoire en marge des manuels scolaires et qui intègre la perspective de genre de manière transversale. Nous ne sommes pas une exception et nous sommes une constante qui a été réduite au silence !
Aucune femme n’est illégale. Nous disons ASSEZ ! au racisme et à l’exclusion. Nous clamons haut et fort : non aux guerres et à la fabrication d’armes de guerre ! Les guerres sont le produit et l’extension du patriarcat et du capitalisme pour le contrôle des territoires et des personnes. Elles sont directement responsables des milliers de femmes réfugiées dans le monde entier, de ces femmes qui sont victimisées, oubliées et violées. Nous exigeons l’accueil de toutes les personnes émigrées, quelle que soit la raison qui les a poussées. Nous sommes des femmes libres dans des territoires libres !
Nous dénonçons les coupes budgétaires dans les secteurs qui touchent le plus les femmes : le système de santé, les services sociaux et l’éducation.
Nous dénonçons la corruption comme circonstance aggravante de la crise.
Nous dénonçons la justice patriarcale qui ne nous considère pas comme des sujets de plein droit.
Nous dénonçons la grave répression et les réductions des droits que nous subissons.
Nous exigeons une totale égalité en matière de droits et de conditions de vie et l’entière acceptation de notre diversité.
NOUS VOULONS ÊTRE LIBRES, ET NOUS ASPIRONS À ÊTRE EN VIE, FÉMINISTES, COMBATIVES ET REBELLES !
De plus, après le 8 mars, NOUS CONTINUERONS JUSQU’À L’OBTENTION DE L’EUROPE ET DU MONDE AUXQUELS NOUS ASPIRONS !