Migrer est un choix de vie que de nombreux citoyens du monde effectuent pour échapper à la pauvreté et à la guerre, afin de construire un avenir meilleur pour leur famille et eux-mêmes. De nos jours, malheureusement, traverser les frontières, terrestres ou maritimes, signifie le plus souvent de risquer sa vie. Les routes migratoires sont parsemées de multiples tragédies, au point de faire de certaines d’entre elles des tombeaux. Chaque année, elles sont le théâtre de la disparition de milliers de personnes, laissant leurs familles dans la détresse et sans réponses sur le sort de leurs proches.
Ces routes migratoires passent par la frontière entre le Mexique et les États-Unis, par le désert du Sahara, par Ceuta et à Melilla en Espagne, par les grandes villes de la Chine ou encore sur les pourtours de la mer Méditerranée. Ce sont aussi celles qui croisent les frontières de l’Europe de l’Est et de l’Europe occidentale ou des différents pays d’Amérique du Sud. Cependant, deux d’entre elles illustrent particulièrement la situation dramatique que vivent actuellement les migrants.
En premier lieu, le mur de séparation édifié entre les États-Unis et le Mexique sur plus d’un millier de kilomètres contraignant les migrants à évoluer dans des zones hostiles, a déjà provoqué la mort de milliers d’entre eux. En réalité, bien avant d’atteindre ce mur de la honte, des milliers d’hommes et de femmes auront déjà disparu durant le trajet à bord du train les y menant depuis le Mexique, autrement connu sous le nom de "la bête" (the beast en anglais). Les études fournies par les organisations des droits de l’homme au Mexique et à l’étranger estiment qu’au moins 60 000 personnes en transit au Mexique sont portées disparues depuis que le pays a initié une «guerre contre le crime organisé" à partir de 2006, donnant au Mexique sa triste réputation de « cimetière de migrants ».
La mer Méditerranée ancien lieu de rencontre historique entre les peuples des deux rives est malheureusement devenue un cimetière à l’air libre. Le naufrage des soi-disant «navires de la honte» est devenu un fait quotidien, y compris aux yeux des patrouilles de l’OTAN. Au cours des vingt dernières années, plus de 20 000 personnes ont trouvé la mort dans la mer Méditerranée, et on reste sans nouvelles de nombreux disparus.
Les politiques migratoires criminelles à l’initiative des pays riches et comprenant des mesures d’expulsion, d’interception des migrants et de fermeture des frontières suscitent en définitive une véritable persécution et une chasse aux personnes migrantes. Beaucoup de nos réseaux et de nos associations dénoncent cette tragédie depuis plusieurs années. Mais la gravité et l’ampleur de cette situation requièrent aujourd’hui d’unir nos forces!
Il est urgent de montrer au monde l’ampleur du massacre qui est en train de se dérouler à de nombreuses frontières de la planète. En ce sens, nous appelons avec insistance les travailleurs, les peuples du monde, les pays et communautés d’origine, de transit et de destination des migrants, à élever leurs voix contre cette tragédie.
C’est pourquoi nous proposons que le 18 décembre prochain se constitue une journée globale de convergence et d’articulation des initiatives et des campagnes que les différents réseaux et organisations au niveau local et international ont déjà lancé et lanceront en faveur de la défense des droits de l’homme, des migrants, des réfugiés et des personnes déplacées.
L’année dernière, à cette même date, plusieurs organisations et réseaux ont initié la première journée d’action globale contre le racisme et pour les droits des migrants. Nous souhaitons que ce 18 décembre 2012 se transforme de nouveau en un espace commun qui amplifie la voix de toutes celles et ceux qui luttent pour que « MIGRER SOIT UN CHOIX DE VIE LÉGITIME et pour stopper le massacre des migrants ».
Cette journée sera consacrée à unir les luttes contre les structures et les politiques anti-migratoires mises en œuvre par les États, principaux responsables des tragédies humaines que nous avons mentionné. Elle cherchera à promouvoir le droit à migrer, ou à ne pas migrer et à résider, à la liberté de circuler et à ne pas être déplacé de force. Elle devra également rendre hommage à la mémoire des hommes et des femmes décédés durant leurs tentatives de migration, alors même que la vie les avait porté à faire ce choix et qu’ils avaient rêvé d’un monde meilleur pour leurs proches et pour eux-mêmes. Derrière chaque migrant décédé ou disparu, il y a toujours une mère, un père, une sœur, un ami et un compagnon en situation de lutte ou de détresse. Cette journée mondiale permettra aussi d’exiger et de rendre visible des informations sur les milliers de migrants disparus.
ILS ONT MIGRÉ POUR VIVRE, NOUS LES ESPÉRONS EN VIE!