Théodore Angelopoulos était fils d’un otage de la guerre civile grecque qui est rentré chez lui alors qu’Angelopoulos avait 9 ans. L’absence de son père et le sentiment qu’une grande partie de la société grecque était « privée de voix » a marqué son enfance de façon irrémédiable et a eu un impact énorme sur sa cinématographie à caractère autobiographique.
Dans son premier long-métrage, La Reconstitution (1970), Angelopoulos exprime son profond intérêt pour le paysage montagneux grec, tout en étudiant la question des femmes dans une société rurale. Angelopoulos est devenu un membre « apprécié » de l’intelligentsia grecque de gauche comme narrateur de l’histoire contemporaine grecque d’un point de vue de gauche.
Le fait qu’il luttait pour préserver dans ses films le caractère visionnaire de son orientation politique a fait de son travail un point de référence pour la mémoire collective de gauche en Grèce. Dans sa trilogie, Jours de 36 (1972), Le Voyage des comédiens (1975), et Les Chasseurs (1977), il a exploré à la manière brechtienne la « manipulation » des faits historiques et en a fait une poésie éloquente.
Au milieu des années quatre-vingt et après, Angelopoulos a choisi la voie alternative de films moins politiques, beaucoup de films d’auto-portraits et impressionnistes, utilisant la photographie comme moyen d’expression principal. Ses derniers films peuvent être considérés comme un appel à la célébration de l’image, comme pure forme du « cinéma des auteurs », où la vision personnelle de l’auteur se reflète à nouveau. L’idée du film comme activité de l’esprit ayant sa fin en soi explique probablement la longueur de ses plans.
Paradoxalement, après sa mort, les partis grecs bourgeois l’ont proclamé représentant « national » de la culture grecque moderne, même si aucun de ses films ne pourrait être considéré comme consensuel ou dans le courant de l’idéologie dominante.
Ironie du sort, son dernier film inachevé, L’Autre Mer – il est mort alors qu’il tournait – a marqué son retour à la politique dans le récit du film. Avec L’Autre Mer, Angelopoulos a imaginé une métaphore de la crise complexe du social en Grèce et en Europe, à travers le portrait d’un homme d’affaires corrompu impliqué dans la politique. Le tournage a commencé le 29 décembre. La plus grande partie se déroule au Pirée, où « Theo » de façon tragique et inattendue a rendu son dernier soupir.