Avec une chute considérable des économies des pays du Sud et une stagnation des autres, l’Union européenne est confrontée à une crise qui ne vient pas de l’euro lui-même, mais plutôt des fondements mêmes de la politique économique et monétaire injuste qui ont conduit à l’euro tel que nous le connaissons. Ni les partis de droite, ni la social-démocratie ne semblent en mesure de fournir un remède autre que les mesures d’austérité.
Comme l’a souligné Javier Navascués, pour construire un modèle de gauche alternatif efficace pour l’UE et donc proposer une issue à la crise, il faut d’abord identifier l’idéologie qui est à la base de l’intégration européenne et ses rapports de force spécifiques. Pour Haris Golemis, bien qu’il y ait consensus entre les fractions du capital national pour une homognéisation européenne, celle-ci reste encore à réaliser. Cette ambition sera-t-elle jamais atteinte, étant donné que les États-nations jouent encore un rôle central ? En outre, l’unité des classes dirigeantes au regard de l’ampleur de la récession est discutable. Jusqu’à quel point peut-on parler d’une bourgeoisie européenne ? Selon Pierre Khalfa, le système montre des fissures : les divergences de vues sur le rôle de la BCE et de la gestion de la dette grecque pourraient compromettre l’unité des classes dirigeantes. Il y a une fenêtre d’opportunité pour la gauche.
La question de la redistribution de la richesse (entre classes et pays) est d’une importance cruciale non seulement pour s’opposer au capitalisme, mais aussi promouvoir une conscience de classe européenne et éviter les confrontations nationales. Elisabeth Gauthier a ajouté qu’une logique alternative intégrante doit prend également en compte la nécessité de renouveler les institutions européennes.
En même temps qu’une plus grande implication des citoyens dans le processus de prise de décision, un regard sur la crise davantage axé sur le conflit de classe affaiblirait le nouveau nationalisme alimenté par les profondes divisions au sein des sociétés et entre les pays. La redistribution et la solidarité doivent être les deux faces d’un projet de gauche.
Intervenants: Walter Baier (coordinateur de Transform!), Elisabeth Gauthier (Espaces Marx, France), Javier Navascués (marxiste Fondation de la recherche, de l’Espagne), Haris Golemis (NPI, Grèce), Cornelia Hildebrandt (Fondation Rosa Luxemburg, Allemagne), Pierre Khalfa (Fondation Copernic, France), Felipe Van Keirsbilck (Confédération des Syndicats Chrétiens, Belgique), Kate Hudson (Coalition de la Résistance, Royaume-Uni), Marc Delepouve (FSU, France), Roberto Morée (transform! Italia), Elena Papadopoulou (NPI, Grèce), et Nuno Moniz (Cultra, Portugal).