L’un des premières frontières différenciant l’interprétation dominante de la crise actuelle de celle partagée par la gauche sociale et politique ainsi que par les économistes hétérodoxes, est l’insistance mise par ces derniers sur le fait que nous avons affaire à une crise systémique grave du capitalisme, plutôt qu’à un écart de « caractère animal » du modus operandi économique proclamé par le passé. Regarder la crise d’un point de vue systémique, nous permet de saisir la nature interdépendante de ses différentes facettes et donc de mieux comprendre la réalité et de la contester plus efficacement.
Au cours des dernières années, les politiques d’austérité suivies dans de nombreux pays européens – et encore plus rigoureusement dans les pays d’Europe du Sud – résultant de la gestion de la crise par les élites européennes politiques et économiques, ont conduit à l’éclatement des clivages politiques cristallisés dans ces pays, qui à son tour a « dégelé » les systèmes de partis respectifs et a abouti à ce que nous pouvons légitimement appeler une « crise de la représentation politique ».
Comment les mesures de politique d’austérité dans trois des pays du Sud de l’Europe (Grèce, Portugal et Espagne) entraînent-elles la dissolution du lien entre les forces politiques en place et leurs couches sociales respectives ? Comment la crise déplace-t-elle les clivages politiques traditionnels ? Quels sont les défis stratégiques pour la gauche, en face de l’évolution sociétale de son milieu social en raison de mesures d’austérité ?
Telles sont les questions abordées dans le programme de recherche financé par transform! europe sous le titre : « Politiques d’austérité et crise de représentation politique – Grèce, Espagne, Portugal ». Le projet sera organisé par les trois fondations politiques respectives – Institut Nicos Poulantzas, Fondation pour les études marxistes (FIM) et Cultra – participant au réseau, et devrait aboutir en mars 2013.
Dans le cadre de leur travail, les chercheurs ont l’intention de publier des rapports sur les questions plus concrètes qui seront précisées lors de leur première réunion à la fin du mois.