Ce plan comporte trois volets.
Le premier cherche à expliquer d’où vient l’argent annoncé. Les 315 milliards résultent d’un calcul hasardeux grâce à un coefficient multiplicateur de 15 sur un fond de garantie de 21 milliards d’euros dont seulement 13 sont de l’argent réellement existants. JC Juncker dit compter « sur la mobilisation de toutes les sources et tous les acteurs » pour atteindre son objectif.
Tout cela n’est pas très sérieux car reposant sur une construction d’hypothèses basées elles même sur des hypothèses jamais démontrées.
Le deuxième volet cherche à expliquer où ira l’argent. Il s’agit de « combler les lacunes du marché », bel aveu, d’offrir de nouveaux produits. On reste sur une politique de l’offre, alors que JC Juncker lui-même dans ses attendus parle d’une « apathie de la demande ». Point sur lequel aucune mesure n’est annoncée.
La principale critique que l’on peut adresser sur ce volet est le fait que les mesures visent à financer des projets pays par pays. Chaque gouvernement doit faire remonter ses projets à financer. Chacun va se lancer dans une course aux subventions européennes sans qu’une logique européenne ne guide ces projets. C’est le contraire de ce qu’il faudrait faire. C’est-à-dire envisager des mesures d’investissements socialement utiles et écologiquement nécessaires qui considèrent l’Europe comme un ensemble cohérent pour l’aménagement des territoires, pour la maîtrise et le contrôle des flux physiques sur le continent et la réduction des clivages qui se sont creusés.
Enfin un troisième volet « destiné à rendre l’Europe plus attrayante pour les investissements » dont on est en droit de se demander s’il n’est-il pas en réalité le cœur du plan.
La Commission Européenne reconnaît certes qu’une politique industrielle et d’investissement est nécessaire. Mais envisage avant tout de « créer un environnement plus favorable aux investissements » ce qui se traduit par « une union des marché de capitaux » dont les conséquences sont d’ors et déjà prévisibles au regard des crises passées et en cours. Mais cela se traduit aussi par « la suppression des obstacles réglementaires et non-réglementaires qui subsistent dans la totalité des secteurs (énergie, communications, numérique, transport, etc.) ainsi que sur les marché des services et des produits ».
Il s’agit d’un coup d’accélérateur gigantesque pour déréglementer, privatiser ce qui ne l’est pas encore dans l’Union Européenne. C’est en totale cohérence avec la volonté de la Commission de signer le plus rapidement possible les TTIP, CETA, TISA en cours de négociation.
En résumé, encore plus de concurrence sauvage, encore plus de casse de services publics, encore plus de mise en concurrence des peuples et des territoires, encore plus de dumping social et fiscal. Tout ce qui provoque encore plus de pauvreté en Europe, encore plus d’injustice, encore plus d’inégalité, encore plus de division. C’est la continuité et l’approfondissement des logiques mortifères à l’œuvre depuis 30 ans. La Commission continue d’aider les industriels et pas d’aider l’Industrie à se développer.