Le FPÖ, parti nationaliste de droite populiste de l’ancien dirigeant Jörg Haider, a été fondé dans les années 1950 ; c’était un parti politique qui regroupait les anciens nationaux socialistes qui n’avaient jamais rompu avec leur tradition. Le taux de participation électorale a été de 73%.
Le fait qu’à la dernière minute un candidat de droite extrême n’ait pas réussi à être élu président a été source de soulagement et de joie, mais nullement d’autosatisfaction. Le mot d’ordre du FPÖ est maintenant « Sinon président, alors chancelier ». Cette élection a entraîné un changement qualitatif dans le paysage politique de la deuxième République d’Autriche et est d’intérêt européen. Pour la première fois, aucun candidat social-démocrate (SPÖ) ou du Parti conservateur populaire (ÖVP) n’a atteint le deuxième tour des élections.
Il y aura probablement des élections législatives anticipées en Autriche avant la date prévue à l’automne 2018 et les sondages prédisent que le FPÖ pourrait devenir le parti le plus important. Le changement de direction des sociaux-démocrates et Kern, le nouveau chancelier qui succède à Faymann (qui a démissionné le 9 mai 2016), ont conduit à faire progresser temporairement la sympathie. Toutefois, ces changements n’ont pas apporté le changement de politique nécessaire pour empêcher de perdre le soutien de l’électorat.
Un président comparable à la reine d’Angleterre
Le rôle du président a toujours été politiquement insignifiant en Autriche. Le rôle du président ressemble traditionnellement à celui de la reine d’Angleterre. Il consiste simplement à exercer des fonctions de représentation, tels que la prestation de serment du gouvernement et la signature habituelle des lois. Le parti communiste (KPÖ) réclame la suppression de cette fonction.
Mais le président autrichien peut exercer certains pouvoirs ; il ou elle peut rejeter le gouvernement et nommer un nouveau chancelier et de nouveaux ministres, ou dissoudre le Parlement. En outre, en théorie, il est commandant en chef des forces armées d’Autriche.
Une tendance européenne
La montée de l’extrême droite en Autriche correspond à une tendance européenne. Alimentée par des solutions autoritaires à la crise prises par la grande coalition et la reprise de thèmes d’extrême-droite, l’acceptation et la popularité des populistes de droite et d’extrême droite progresse dans presque tous les pays européens. [1]
En 2000, lorsque le FPÖ de Jörg Haider est devenu le deuxième parti autrichien avec 26% des voix, puis est entré au gouvernement aux côtés du Parti populaire, il y a eu un tollé international et l’Union européenne, a même imposé des sanctions contre l’Autriche. Il n’y a pas eu de tollé suite à l’accès au pouvoir d’Orbán – l’ensemble du paysage politique s’était déjà déplacé vers la droite.
Le problème : pas d’alternative de gauche viable
La lutte contre la droite ne peut être gagnée que si la gauche fournit des alternatives crédibles, démocratiques et sociales. Dans les pays d’Europe centrale dirigés par l’extrême droite (Hongrie, Pologne, également en Slovaquie l’extrême droite SNS fait partie de la coalition gouvernementale), ainsi qu’en Autriche, il n’y a pas de partis à gauche des sociaux-démocrates et des Verts représentés au Parlement.
En Autriche, cette alternative électorale a été empêchée par un anti-communisme généralisé et le système de « partenariat social » – un système corporatif de compromis de classe. Alors que peu après la guerre, l’extrême droite était déjà revenue dans le système.
Absence de cordon sanitaire contre le candidat FPÖ
Après le premier tour des élections, il n’y a pas eu de large cordon sanitaire ; il n’y a pas eu de mobilisation républicaine contre le candidat FPÖ, Hofer, membre d’une fraternité nationale allemande qui considère que l’Autriche fait partie de la nation allemande. Le SPÖ et l’ÖVP, dont les candidats n’ont pas réussi à être présents au second tour des élections, n’ont pas soutenu Van der Bellen. Certaines parties des deux partis semblent ne pas avoir voulu se retourner contre leur partenaire potentiel de coalition à venir. Beaucoup d’intellectuels et d’artistes de premier plan, cependant, ont appelé à voter pour Van der Bellen, et certains (anciens) politiciens conservateurs et certains sociaux-démocrates connus ont déclaré qu’ils voteraient pour Van der Bellen. En outre, la gauche autrichienne dont le KPÖ a soutenu le candidat vert.
Un point de départ pour la gauche
Maintenant, le défi pour la gauche autrichienne sera d’utiliser le temps restant pour unir ses forces et construire des alliances afin de parvenir à un changement dans la société. Ceux qui défendent une orientation politique juste et progressiste devraient s’impliquer activement dans ce processus. Le point de départ de cette campagne sera marqué par une vaste conférence organisée par la gauche autrichienne, le 4 Juin à Vienne.
[1] Voir aussi Walter Baier: Rébellion réactionnaire http://www.transform-network.net/de/fokus/extreme-und-populistische-rechte/news/detail/Programm/-0209af7471.html et La résistible ascension de l’extrême droite en Europe http://www.transform-network.net/fr/blog/blog-2016/news/detail/Blog/europe-between-post-democracy-and-pre-fascism.html
https://aufbruch.or.at/en/