Travail et Technologie

Ce premier vendredi d’octobre, l’Institut des Etudes du Travail à Liubiana en collaboration avec Zavod Bunker, RLS Southest Europe et transofrm ! europe, a organisé une conférence sur le thème de la relation entre travail et technologie au 21ème siècle.

La question semble des plus actuels pour plusieurs raisons. La peur répandue de la perte d’emploi du à l’automatisation dans les décennies à venir, si ce n’est dans les années à venir, est réapparue dans le débat public et les médias et est utilisée comme un argument expliquant l’inévitabilité de l’amoindrissement des conditions de travails et des assauts variés contre celles-ci. C’est précisément ce thème qui fut celui du premier débat tenu dans l’auditorium de la Stara mestna elektrana de Liubiana, anciennement première centrale électrique de la ville et désormais transformée en salle de conférence. Les conférenciers étaient  Tomislav Medak un théoricien et chercheur croate (notamment sur les enjeux progressistes de la région), Nadia Garbellini et Matteo Gaddi de l’association italienne Punto Rosso et membre de transform !europe.

Medak a proposé une perspective historique générale et a présenté les problèmes posés par supplantation du travail humain par des machines. Sa vision, bien que très sceptique à l’égard des prédictions apocalyptiques quant à la perte d’emploi (notamment à l’égard du rapport Mckinsey qui souligne une irréversible perte de au moins 5% de l’emploi actuel) a argumenté en faveur d’une approche plus réfléchie et acceptante des nouvelles technologies mais à la condition d’une surveillance publique et d’une régulation accrue. Medak a particulièrement insisté sur le rôle que les nouvelles technologies jouent dans les formes scientifiques sophistiquées du management qui combattent le control du processus de travail par les travailleurs. Gaddi et Garbellini nous ont présenté les résultats d’une étude de Punto Russo sur les effets de l’industrie 4.0 dans la chaîne de production européenne. Pour la résumer, l’étude portait sur différentes compagnies italiennes ayant augmenté la part d’automatisation et démontrait que plus qu’impliquant la perte directe d’emploi, l’utilisation accrue de l’automatisation du travail implique une complexité plus grande des mécanismes de production. Comme une grande partie de l’automatisation se fait dans le domaine logistique, ainsi au niveau de l’optimisation du transport dans l’UE à une plus large échelle, il devient plus simple pour les chaînes logistiques de changer de pays en préférant un pays avec des conditions plus favorables à l’exploitation capitaliste : cela produit un mécanisme de classement et de compétition des pays en fonction de leurs normes fiscales et de leur droit du travail, mécanisme qui vise à une course vers le moins social.

 

Après la pause, le second débat a été mené avec des membres du ILS (Martin Hergouth et Anže Dolinar) qui ont discuté des problèmes liés à la capacité de planifier au 21ème siècle, âge de la technologie de l’information. La dernière conférence fut un cours magistral de l’économiste britannique Michael Roberts sur le problème de l’innovation technologique qui améliore la productivité tout en abaissant la nécessité de travail humain, abaissant ainsi également la valeur produite. L’audience était principalement composée de jeunes.

L’événement fut une des rares conférences sur le sujet à obtenir une certaine attention publique en Slovénie, nous confirmant le besoin et l’importance de la collaboration transnationale en terme de partage d’expériences politiques et de recherche.

 Pour retrouver le programme : https://www.transform-network.net/calendar/event/labour-and-technology/         

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